Un dégât des eaux n’attend pas d’être invité pour semer la discorde dans un immeuble. Parfois, tout démarre sans que l’on puisse pointer du doigt la cause exacte, mais la cascade de responsabilités, elle, ne tarde jamais à se dessiner. Les assurances multirisques habitation, loin d’être des boucliers universels, réservent quelques surprises selon l’origine du sinistre, l’état de l’installation ou la promptitude de la déclaration, cinq jours ouvrés, c’est la règle du jeu chez la plupart des compagnies. À défaut, votre dossier risque fort de rester lettre morte.
La convention IRSI, en vigueur depuis 2018, impose un mode d’emploi précis lorsque plusieurs logements sont concernés. Locataires et propriétaires ne se retrouvent pas sur un pied d’égalité : droits et obligations varient selon la source du dégât et les biens touchés.
Dégât des eaux : comprendre les causes et les responsabilités de chacun
Un dégât des eaux ne surgit pas sans raison. Le plus souvent, il trouve sa source dans une canalisation fatiguée, un joint laissé à l’abandon ou un appareil ménager qui a rendu l’âme faute d’entretien. En copropriété, difficile d’ignorer la part des parties communes : toiture vieillissante, colonne d’eau capricieuse, gaine technique oubliée, autant d’éléments sous la surveillance du syndic.
Trois acteurs se partagent le terrain des responsabilités : locataire, propriétaire, copropriété. Le locataire gère l’entretien quotidien : robinetterie, joints, appareils du quotidien. Un lave-linge qui déborde par négligence ? À lui d’en assumer la conséquence. Le propriétaire, de son côté, répond des équipements vétustes. Si la fuite vient d’une canalisation encastrée ou d’une toiture qui laisse passer l’eau, c’est pour lui. Dès lors que la fuite prend naissance dans les parties communes, la copropriété, à travers son syndic, prend le relais.
Voici comment s’organise la répartition des réparations selon la nature des éléments concernés :
- Réparations locatives : imputées au locataire. Par exemple, flexibles, joints, siphons.
- Réparations structurelles : relèvent du propriétaire. On pense aux canalisations, murs porteurs, toiture.
- Parties communes : gérées par la copropriété via le syndic.
Pour la déclaration, la logique veut que l’information circule du locataire au propriétaire, puis au syndic si la copropriété est en cause. Agir vite, c’est limiter les dégâts et accélérer la prise en charge avec l’assurance habitation. Chaque maillon de la chaîne compte, sous l’œil attentif de l’assureur et de l’expert missionné.
Quels sont les premiers gestes à adopter pour limiter les dommages ?
Quand l’eau commence à envahir le sol, le temps presse. Dès la moindre alerte, trace suspecte, cloison qui gondole, goutte-à-goutte qui s’éternise, fermez aussitôt l’arrivée d’eau générale. Ce réflexe, parfois salvateur, empêche la fuite de s’aggraver et protège murs et planchers. Si le robinet d’arrêt n’est pas accessible, surtout en copropriété, prévenez le syndic ou le gardien sans délai.
Éloignez les biens mobiliers et équipements électriques de la zone touchée. Débranchez les appareils concernés, mettez à l’abri documents importants, objets auxquels vous tenez. L’humidité ne fait pas de cadeau. Absorbez l’eau au sol avec serviettes ou serpillières, dans la limite de vos moyens. Ces gestes limitent la casse en attendant l’intervention d’un professionnel.
Si la situation le permet, identifiez l’origine de la fuite d’eau : robinet, flexible, radiateur ? Isolez l’endroit concerné. Si le doute persiste ou si la manipulation vous paraît risquée, appelez un plombier. Une intervention rapide facilitera la suite auprès de l’assurance et évitera l’aggravation du sinistre.
Allez prévenir les voisins si l’eau risque de voyager jusqu’à chez eux. Un simple mot peut éviter bien des conflits et fluidifier la suite des opérations avec la copropriété. Pensez à documenter : photos, vidéos, relevés d’humidité… Ces éléments seront précieux pour la suite du dossier auprès de votre assurance habitation.
Retenez ces étapes incontournables pour limiter l’impact du sinistre :
- Fermez l’eau et veillez à la sécurité électrique
- Mettez les biens à l’abri et conservez des preuves
- Avertissez syndic et voisins concernés
- Faites appel à un professionnel si nécessaire
Procédure d’assurance : étapes clés pour une déclaration efficace
Le dégât des eaux impose d’agir vite : la déclaration de sinistre doit parvenir à l’assureur dans les cinq jours ouvrés suivant la découverte du problème. Plusieurs options s’offrent à vous : téléphone, lettre recommandée, espace client, passage en agence. Privilégiez la rapidité pour accélérer le traitement.
Le constat amiable dégât des eaux reste un passage obligé. Il doit être rempli en concertation avec les personnes concernées, voisin, copropriété, syndic, et détailler la cause supposée, l’étendue des dégâts, les coordonnées de chacun. Grâce à la convention IRSI, la gestion des sinistres impliquant plusieurs logements ou copropriétés s’en trouve simplifiée pour les montants inférieurs à 5 000 euros hors taxes.
Un dossier solide augmente les chances d’une indemnisation rapide. Rassemblez photos des dégâts, factures, devis de réparation, courriers échangés, attestations éventuelles. L’assureur peut dépêcher un expert pour évaluer l’origine du sinistre, déterminer les responsabilités et chiffrer le montant du préjudice. Ce rapport d’expertise sera la base de la proposition d’indemnisation.
Pensez à suivre ces étapes pour que la déclaration d’assurance soit irréprochable :
- Rédigez et signez le constat amiable
- Transmettez la déclaration dans les cinq jours ouvrés
- Fournissez toutes les pièces justificatives
- Collaborez avec l’expert si une expertise est programmée
La garantie dégât des eaux est incluse dans la majorité des contrats d’assurance habitation. Elle s’impose aux locataires comme aux propriétaires en copropriété, mais chaque contrat comporte ses limites, ses franchises et ses exclusions. Prenez le temps de relire les modalités pour éviter les mauvaises surprises.
Indemnisation et droits des assurés : ce que prévoit la loi et votre contrat
Le niveau de prise en charge d’un dégât des eaux dépend autant du contrat retenu que des textes qui encadrent la garantie dégât des eaux. Les contrats multirisques habitation couvrent en principe les biens touchés, mais une franchise reste à la charge de l’assuré, quel que soit le responsable du sinistre. Cette somme varie d’un assureur à l’autre et dépend de la formule choisie.
L’indemnisation porte généralement sur les biens mobiliers et les embellissements (peintures, revêtements, parquets…), dans la limite des plafonds fixés par le contrat. Certains contrats ajoutent la prise en charge des frais de relogement si le logement est inhabitable, ou la réduction du loyer pour les locataires. Toutes ces modalités apparaissent noir sur blanc dans votre police d’assurance.
Restez vigilant face aux exclusions de garantie. Les dégâts imputables à un manque d’entretien, à une négligence ou à des canalisations enterrées ne feront pas toujours l’objet d’un remboursement. Quant à la réparation de l’élément défaillant à l’origine du sinistre, elle incombe souvent à l’assuré. Scrutez chaque clause, car certaines subtilités peuvent se révéler décisives.
En copropriété, la convention IRSI fluidifie la gestion pour les sinistres de moins de 5 000 euros hors taxes, répartissant clairement les rôles entre les assureurs et accélérant le versement des indemnisations. Si un désaccord survient sur l’évaluation des dégâts, il reste possible de demander une contre-expertise. La recherche d’une indemnisation juste se joue à la fois dans le cadre du contrat et dans celui du code des assurances.
Quand l’eau recommence à couler normalement et que les murs sèchent, il reste cette leçon à méditer : face à un dégât des eaux, la prévoyance, la réactivité et la connaissance de ses droits font toute la différence. Qui dit sinistre ne dit pas fatalité, la clé, c’est d’agir avant que la fuite ne s’installe.


